A R C H I V E S

 

Samedi 25 mai,
Pas de ruée vers les Noirs Desseins de Montceau-les-Mines

Traumatisme social ou pas, Fête des Mères oblige, manque de compréhension entre les acteurs économiques, politiques et culturels de l'ex-cité minière, un constat s'impose : les Montcelliens et les Montcelliennes n'ont pas passé les ponts ou la passerelle pour que le premier Salon du Polar connaisse un succès populaire.
Le travail de toute l'équipe de la Bibliothèque Municipale, avec à sa tête Dominique Buchaudon, ne peut être que reconnu. Suffit-il ? Il semblerait que non pour attirer la foule des grands jours de l'autre côté du canal.

Le CAR, le Centre d'Animation et de Rencontres, était-il le lieu idéal ? Pas sûr !

Ouvrons une parenthèse pour un peu d'histoire, d'urbanisme et de géographie :
Montceau-les-Mines, née seulement en 1856, a été construite et urbanisée à l'américaine. Toutes les rues ont été tracées, d'après des plans perpendiculaires, en fonction du Canal du Centre et de la voie ferrée. La plus grande artère piétonne et commerçante, la rue Carnot, parallèle aux deux frontières imposées par le développement industriel du 19ème siècle, est située juste entre celles-ci. Pas de diagonales, beaucoup de sens uniques, et en plus un pont levant qui peut, selon le trafic sur le canal, fermer à tout moment la frontière. Est-ce suffisant pour excuser ses habitants ?

Après l'arrêt de l'exploitation souterraine des mines en 1992, les élus de Montceau décident de redonner des couleurs à leur cité. Un plan original de teintes est étudié et adopté en 1995 pour toutes les façades montcelliennes. La municipalité donne l'exemple, rejoint bientôt par de nombreux propriétaires privés. De l'orange vif au rose, du jaune citron au vert tendre, la palette peut surprendre. Celle-ci donne un air de jeunesse aux bâtiments et transporte loin de son noir passé cette ville.

Montceau-les-Mines se situe en Saône-et-Loire à deux pas de la Bourgogne, sur l'axe La Rochelle / Chalon-sur-Saône, entre cette dernière ville et Paray-le-Monial. Fermons la parenthèse en remerciant Danis Ravier, ancien mineur et poète œnologue et Philippe Rigolet, amoureux de sa ville, de ses habitants et de son canal, lui aussi un poète aux mots justes, et retrouvons le Salon du Polar.

Même si ça ne l'a pas fait ce jour là, les auteurs et les libraires étaient au rendez-vous. Dominique Buracco, de L'Orange Bleue, seule librairie de Montceau, avait bien préparé son coup. Déjà habituée à vendre le genre Polar dans ses murs elle proposait un bon fond de catalogue avec ses leaders, Izzo, Christie, Higgins Clark et Grangier entre autres et tous les ouvrages des écrivains présents.
La Noir' Rôde, une association méditerranéenne bien connue dans le milieu, était présente et proposait, avec un certain succès, son dernier carnet. Au programme: un entretien avec Gilles Bornais et de bonnes critiques de livres.
Un peu perdus dans cette salle impersonnelle du CAR et réunis autour de tables rondes, le Président Bouin, les dames Leseleuc, Lesbre et Nicodème, les sieurs Boman, Bornais, Joly, Oppel, Maxence, Rivière et Weber, trouvaient au temps une certaine longueur.
Si dans ce lieu en vase clos, idéal à la montée de tout suspens, il avait été ressentie une ambiance énigmatique et envoûtante, tout s'inversait ou presque. La fréquentation n'aurait pas augmenté, mais un certain bien-être s'en serait dégagé.

Le moment fort de cette après-midi, pour une vingtaine de veinards, fut sans aucun doute la conférence de François Rivière sur Agatha Christie. Le biographe de la Reine du Crime, en expert qu'il est sur la vie et l'œuvre de la romancière britannique, excella dans le portrait qu'il fit de sa Duchesse de la Mort et de son environnement. A savoir, par exemple, que tout ce qu'elle raconte, les angoisses, les ambiances, les décors, proviennent de son enfance. A trois ans elle sait lire et raconte des histoires avec comme personnages ses poupées. Plus tard, sa sœur aînée, Madge, lui fait découvrir Conan Doyle et Gaston Leroux qui deviennent vite ses auteurs préférés. A la mort de son père, Agatha a 14 ans et se réfugie dans l'écriture. Elle débute par des poèmes et écrit son premier roman. Même si elle pense devenir écrivain, elle étudie la musique et le chant à Paris durant deux ans et rêve de se produire sur scène. Sa timidité maladive ne lui permet pas de réaliser ce rêve. Rentrée dans le Devon, elle fréquente le milieu snob de Torquay, sa ville natale, et n'est pas insensible aux charmes des garçons. Après plusieurs flirts, Agatha Miller épouse Archibald Christie en 1914. Membre de la RAF il rejoint très vite le front. Agatha s'engage comme infirmière volontaire et se spécialise dans la chimiothérapie. C'est pendant cette période trouble, poussée par sa sœur, qu'elle écrit La Mystérieuse Affaire de Styles. Ce roman, le premier a être édité, ne sort qu'en 1920. Six ans plus tard, Le Meurtre de Roger Ackroyd défraye la chronique et devient son premier succès de librairie. Agatha Christie n'obtient pas la reconnaissance de ses pairs, bien au contraire, car elle vient, dans ce dernier ouvrage, de bousculer une certaine déontologie du récit de détection classique.
François Rivière évoqua également sa disparition d'une dizaine de jours en 1926. Trompée par son mari, elle avait décidé de se venger à la manière des héroïnes de roman à suspens. Les tabloïds anglais, déchaînés contre elle, la chahutent quelque peu. Archibald Christie annonce, non sans aplomb, qu'elle a été victime d'un soudain accès d'amnésie. Ses détracteurs n'en croient pas un mot, ses fans oui. Ils seront, de part le monde, de plus en plus nombreux à lire les aventures de Hercule Poirot ou de Miss Marple. Née en 1890, la Reine du Crime écrit réellement jusqu'en 1973 et s'éteint en 1976.
Agatha Christie est toujours, à ce jour, l'auteur le plus lu au monde, aussi bien par les enfants que par les adultes.
Le livre de François Rivière "Agatha Christie, Duchesse de la Mort" est paru en 2001 aux Editions du Masque.

Après ces soixante minutes passionnantes, le 1er Salon du Polar n'avait plus qu'une heure à vivre. Celle-ci fut longue, certains auteurs prenaient le chemin du retour, d'autres restaient, fidèles au poste. Une certaine désillusion était perceptible parmi les organisateurs et les participants. Quoi dire, quoi faire ? Sinon de se retrouver autour d'une table et de refaire le monde ou du moins, plus modestement, le Salon de Montceau-les-Mines. Le succès sera au rendez-vous l'an prochain. Nous serons là pour en parler, promis, juré !

Bernard Bec


Alix Clémence, un écrivain en résidence

La tenue du Salon du Polar de Montceau-les-Mines coïncidait, à quelques jours près, à la fin des trois mois de résidence de l'auteur Lyonnais Alix Clémence.
Sélectionné par concours et retenu parmi une dizaine de candidats, l'écrivain s'est impliqué dans la vie de l'ancienne cité minière en multipliant les rencontres et les ateliers d'écriture.
Au contact des Montcelliennes et des Montcelliens lancés à la recherche d'une nouvelle identité suite à la fermeture définitive des houillères, Alix Clémence semble avoir trouvé tous les motifs et tous les ingrédients pour immortaliser son séjour par l'écriture d'un Polar. Celui-ci devrait être édité pour le prochain salon en 2003.

Même s'il repart comblé et ravi de ce trimestre passé également à étudier l'histoire de cette localité et de ses habitants, l'auteur pense s'octroyer un peu de temps libre. Selon ses mots, il se sent, aussi, comme "vidé", comme "épuisé".

Alix Clémence est l'auteur de six romans policiers pour la jeunesse parus chez Syros (4) et chez Didier Richard (2) et d'un polar pour adultes "Librairies des Pentes" paru chez Zulma.


Une bonne adresse à Saint Vallier, commune limitrophe de Montceau-les-Mines

Situé à quelques pas des établissements Gerbe, le restaurant "L'usine" est un lieu à découvrir absolument. Comme son nom l'indique ce restaurant se trouve dans les locaux d'une ancienne usine. Le métal, les appareils et les outils sont des rappels puissants d'un passé ouvrier. La lumière fantastique, dû à la verrière, inonde l'espace et permet aux plantes de proliférer. Çà et là, quelques tableaux et quelques sculptures mettent des touches de couleurs. Le décor est ainsi planté.
Côté mets et vins, ça tient plus que la route. Côté prix, ce n'est pas l'assommoir. Côté accueil, le sourire est naturel et bien présent.

Restaurant "L'usine"
8, rue de la Bonneterie / 71230 Saint Vallier
Tél. : 03 85 57 67 62

Bernard Bec