O N Z I E M E_ S E A N C E

 

Six-Pack de Alain Berbérian
Un excellent polar français. Son générique, sur fond de ressac, annonce d’emblée la couleur sombre. Ca s’ouvre sur la fête. Soudain une lame de fond nous transporte et on échoue en plein cauchemar.
Décharges, hangars, immeubles délabrés, gare de triage, visions nocturnes…La musique gifle les séquences. Ce sera très noir.
Un ange destructeur silencieux qui hait les femmes, se dit-on en voyant le killer se délecter de leur peur. Impitoyable, il conduit ses victimes là où il le décide, et les massacre avec plaisir.
Nathan, policier acharné, voit mal l’ordinateur remplacer le carnet à spirale. Pourtant il s’épate d’une identification à partir d’images de synthèse. Richard Anconina, sans son sourire inné, est vrai et attachant. Il se rend aux USA, vivier de serial killers, en revient riche d’un détail fondamental pour l’enquête. Astuce du scénario qui fait oublier le risque de clichés. Le devenir de la chèvre Marine nous conforte en ce sens.
Faudra vivre avec le souvenir des victimes, dit à-peu-près l’une des dernières répliques. Oui mais avec aussi le visage d’un Six-Pack conscient de sa fin !
Sans sa couleur, le film serait un grand film noir. Ca donne l’envie de lire ou de relire le livre à l’origine de l’adaptation, et signé Jean-Hugues Oppel.

 

Ennemi d’État de Tony Scott
Un très bon policier à l’intrigue classique, avec un générique de vidéos entremêlées qui montre les dangers des caméras dans les villes. On peut titrer Caméras en liberté, d’ailleurs le slogan du film précise que tout le monde est surveillé.
Un assassinat politique. Une voiture s ‘enfonce dans l’eau, et sur la berge un chien regarde son maître disparaître avec. C’est superbe dans la tragédie.
Par un tour de passe-passe du scénar, un type hérite sans le vouloir d’une vidéo compromettante et, en trois ou quatre plans, le bougre paume femme, job, cartes de crédit et attaché-case. Dur !
S’ensuit une chasse à la cassette, de 2h13’. En scope et en filigrane on voit s’officialiser tous les impondérables et moyens d’espionnite légale. Ca fiche froid dans le dos quand on sait qu’en France les caméras se reproduisent tels des doryphores.
La boucherie finale, superbe, est digne du Scarface de Brian De Palma. Will Smith est un avocat black traqué, convaincant et plein d’humour, et Jon Voight me rappelle Macadam Cow-Boy, déjà si loin…

Roland Sadaune

Entracte…


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