R O M A N S
15/01/2007

La voix
Arnaldur Indridason

Editions Métailié / Noir
336 p / 18€

La voix
Les fêtes de fin d'année ont attirées de nombreux touristes dans ce grand hôtel de luxe islandais. C'est pourquoi, suite à l'assassinat du portier Gudlaugur, le directeur de l'établissement demande la plus grande discrétion au commissaire Erlandur chargé de l'enquête. En cette période, le portier remplissait également la fonction de Père Noël et les circonstances de sa mort ont de quoi laisser perplexe tout enquêteur. Outre les blessures mortelles reçues, un préservatif pend de son membre. Gudlaugur n'avait jamais posé de problèmes, il était un employé modèle, une sorte d'homme à tout faire. La veille de sa mort, il lui avait été pourtant signifié son renvoi. La police scientifique va faire des découvertes intéressantes qui vont amener l'inspecteur Erlandur à suspecter les clients et le personnel de ce grand hôtel. Il décide alors de rester sur place et de prendre une chambre, une solution aussi pour lui de ne pas affronter la solitude en cette soirée de réveillon. Lors de l'interrogatoire d'un des clients de l'hôtel, Henry Wapshott, avec qui la victime avait rendez-vous, il apprend que l'homme assassiné avait été un jeune chanteur doté d'une voix exceptionnelle et qu'il avait été une véritable vedette. Il avait enregistré à l'époque deux disques, devenus rares et très recherchés par les collectionneurs.
Cette enquête va raviver chez le commissaire Erlandur des douleurs enfouies et nous révéler les fêlures dues à des événements tragiques survenues pendant son enfance. Un parallèle va s'établir entre l'affaire dont il est chargé, et ses souvenirs.

Arnaldur Indridason évoque, par touches très subtiles, les relations difficiles entre père et fils ainsi que les souffrances et les remords qu'elles peuvent entraîner. De plus, il dépeint magistralement le contraste entre l'effervescence qui règne dans l'hôtel pendant ces fêtes de fin d'année, et la très grande solitude de la victime, un être qui fut adulé et qui était devenu bien ordinaire, transparent même, pour son entourage.
Un très beau roman.

Dany Neuman


La proie de l'aube
John Sandford

Belfond / nuits noires
372 p / 19,50€

La proie de l'aube
L'inspecteur Lucas Davenport est maintenant marié et père d'un petit Samuel. Il occupe de nouvelles fonctions auprès du gouverneur du Minnesota, en fait, son travail consiste à résoudre les affaires criminelles délicates. Il est placé sous les ordres de Rose Marie Roux, nouveau chef du DSF (Département de la Sécurité Publique ) . Celle-ci vient d'ailleurs de lui confier une nouvelle enquête, avec comme aide Del Capslock du BCA (Bureau of Criminal Apprehension). Les deux hommes sont envoyés à proximité de Broderick, une petite bourgade du Minnesota, non loin de la frontière du Canada. Un couple, Jane Warr et son compagnon noir Deon Cash, ont été retrouvés nus, pendus à des arbres. C'est Letty, une adolescente, qui a découvert les corps. Très observatrice et coopérative, elle va être d'une aide précieuse pour Lucas Davenport. Les perquisitions dans la ferme des victimes vont dévoiler des traces de cocaïne puis, de l'argent soigneusement caché. Comme à première vue, tout fait penser à un lynchage, les médias accourent sur les lieux du crime et tout s'emballe. Des proches du couple vont commencer à s'affoler, paniquer, et craindre que leurs activités illicites ne soient découvertes. Ces personnes sont aussi membres d'un réseau de voitures volées et maquillées.
Une première piste se présente rapidement aux enquêteurs, mais hélas, le principal suspect est abattu froidement. L'assassin ignorait que la victime avait pris ses précautions et laissé un message en cas de mort violente. Sa mort va-t-elle faciliter l'enquête ?
Alors que Lucas Davenport, toujours accompagné de Letty, tente de résoudre l'énigme malgré le peu d'indices à sa disposition, l'adolescente est victime d'une tentative d'assassinat. De peur d'être démasqué, le tueur l'a prise pour cible. Que sait-elle au juste ?

Comme toujours, l'auteur nous propose une intrigue complexe mais parfaitement maîtrisée. Celle-ci se déroule dans une contrée au climat aussi rude que le tempérament de ses habitants. Un roman palpitant.

Dany Neuman


Je ne parle pas aux femmes
Laurent Lèguevaque

L'écailler du Sud
184 p / 7€

Je ne parle pas aux femmes
Il ne parlera plus aux femmes et cela bien sûr à cause d'une ex.
Parce que c'est vrai, quand on vient de se faire larguer, on leur en veut à ces femmes. D'ailleurs, elles n'en sont plus vraiment, tellement elles veulent ressembler aux hommes, les commander, les soumettre, les humilier.
Et si cela faisait tache d'huile, si tous les hommes décidaient de ne plus rien dire à ces dames. Mais comment commander un verre à une barmaid alors ? Eh bien, on attend un serveur. Ça y est, je suis catalogué misogyne…
Thierry Chanvre réussira lui, et ce sans rien dire bien sûr, à coucher avec sa supérieure hiérarchique, la magnifique Manon Leidel. Comme quoi tout est possible.
A la fin du livre, le lecteur comprend pourquoi il commence avec cette phrase de Michel Embareck : «  Le silence a toujours été le meilleur frein à la propagation de la connerie ».

J'ai beaucoup aimé ce bouquin et ce n'est pourtant pas un polar. 

Patrice Farnier


Ego Fatum
Jan Thirion

Editions Krakoen
188 p / 8€

Ego Fatum
Cédric, fonctionnaire de police, est en plein interrogatoire d'un suspect, un certain Grégorioux René, dit le Gaulois. Un moment d'inattention, le Gaulois lui fonce dessus et l'envoie valdinguer, tête la première, contre le radiateur. Résultat, Cédric tombe dans un coma dont il sortira groggy. En convalescence chez lui, il monte échanger quelques mots avec Milly, la fille de sa compagne. Terrifiée à la vue d'une grosse araignée noire, la jeune fille tombe accidentellement à la renverse, du haut de l'escalier de leur logement. Alors qu'il est penché au-dessus du corps, sa compagne Delphine, rentre et se méprend sur la scène qu'elle voit. Une dispute puis une bagarre s'ensuit, le flingue qu'elle brandit et dont il lui a appris à se servir, est braqué sur lui. C'est le corps à corps, Cédric tente de la désarmer mais le coup part. C'est elle qui est mortellement blessée. Quand la série commence, elle ne s'arrête plus. S'il n'y était pour rien au début, les circonstances vont le transformer en véritable meurtrier, c'est une véritable hécatombe autour de lui. Les évènements l'ont entraîné dans une spirale infernale dont la seule issue est la fuite. Le voilà qui passe de l'autre côté de la barrière, un flic en cavale, c'est le monde à l'envers.

Un style résolument dépouillé, des images chocs et des phrases courtes donnent du rythme à ce récit. Un roman noir, assez rocambolesque, avec un dénouement « happy end », voilà un livre qu'on lit d'une traite à condition toutefois d'aimer aussi l'humour noir.

Dany Neuman

R O M A N S - page suivante