15/02/2007
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Classe à part
Joanne Harris
Flammarion
458 p / 21€ |
Classe à part
John Snyde vient d'obtenir le poste de portier au lycée de Saint Oswald, un ancien et très bel établissement pour privilégiés. Il occupe, avec son fils Julien, un bâtiment qui sert de loge. Homme à tout faire, John n'a guère de temps à consacrer à son fils qui se débrouille seul, sa mère les a quittés. Julien, ne fréquente pas Saint Oswald mais le collège de Sunny Bank Park, où il est le souffre-douleur des grands. Son père, lui a formellement interdit de pénétrer à Saint Oswald. Pourtant la curiosité sera plus forte que sa peur de désobéir. Observateur attentif d'abord, il va envier tous ces gosses de riches dans leur bel uniforme. Il aimerait tant faire partie des leurs. Hantant silencieusement l'établissement, il va tout connaître des lieux et même découvrir les secrets de chacun, grâce au trousseau de clefs emprunté à son père. Il poussera l'audace jusqu'à se fondre parmi les élèves, c'est ainsi qu'il va faire la connaissance d'un garçon plus âgé que lui, Léon. Cette amitié qui l'oblige à se faire passer pour ce qu'il n'est pas, va se transformer en adoration. Son imposture lui fait entrevoir un monde qu'il ne connaîtra jamais, lui dont le quotidien est si triste et si dur avec un père alcoolique et une mère qui l'a abandonné. Peu à peu, des idées de vengeance vont naître dans son esprit, son projet va lentement mûrir, avant qu'il ne le mette à exécution quelques années plus tard.
Je n'en dirai pas plus, de peur de gâcher le plaisir du lecteur. Une chronique détaillée et attachante du fonctionnement d'un lycée « so british ». Une narration déroutante au départ, car double. Celle d'un professeur et celle, plus jubilatoire de « l'inconnu » qui va décider du sort de chacun et préparer minutieusement sa revanche de façon diabolique.
Un roman qui ne manque pas d'humour et qui va vous bluffer à coup sûr ! Une intrigue élaborée avec brio, la nostalgie et la tendresse ne sont pas exclues de ce récit, certains lieux auraient-ils une âme et un pouvoir auquel on ne pourrait échapper ?
Un thriller psychologique qui semble nous diriger vers un dénouement convenu pour mieux nous surprendre par un final époustouflant. A lire absolument !
Dany Neuman
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Cadavres chinois à Houston
Peter May
Editions du Rouergue / Thriller
315 p / 18,50€ |
Cadavres chinois à Houston
Le Dr Margaret Cambell est contactée par le bureau du shérif du comté de Walker. Un camion frigorifique, abandonné aux environs de Houston au Texas, a été repéré par le shérif Adjoint J.J. Jackson. Intrigué en ne voyant pas le chauffeur, il va pour inspecter le chargement, quand une odeur pestilentielle lui parvient du fond. Derrière les cageots de légumes, il découvre horrifié des douzaines de corps entassés, ce sont tous des asiatiques. C'est en sa qualité de médecin légiste que Margaret Cambell a été sollicitée. Sur place, elle fait la connaissance de l'agent Michael Hrycyk, du service de l'immigration. D'après lui, ce camion se rendait à Houston où est déjà installée une importante population chinoise. Washington leur envoie également un agent de liaison de l'ambassade chinoise, Li Yan, un homme que Margaret a connu intimement. Tous deux appréhendent ces retrouvailles, mais ils devront collaborer ensemble malgré tout. Les autopsies vont révéler que les victimes sont mortes du virus de la grippe espagnole qui avait tant fait de ravages en 1918. Sur un des corps, on retrouvera une sorte de journal. Celui-ci a été rédigé en fait par un agent de la police, infiltré parmi les clandestins, dans le but de démanteler ces fameux réseaux des « têtes de serpents ». C'est le nom donné aux organisateurs des passages de clandestins vers les Etats Unis. Pourquoi sont-ils morts alors que vivants, ils représentaient beaucoup d'argent, étant obligés de rembourser leur voyage ? L'enquête sur ces réseaux va en provoquer une autre beaucoup plus urgente et même primordiale. En effet, les scientifiques américains ont découvert que le virus mortel inoculé à ces chinois était en sommeil et ils ignorent par quoi il sera réactivé. Avec l'aide du FBI, ils doivent agir vite avant qu'une pandémie terrible ne se déclenche.
Dans sa série de romans policiers consacrés à la Chine actuelle, l'auteur aborde ici un double sujet, d'abord l'immigration clandestine, mais aussi celui du bioterrorisme. Un thriller rythmé et extrêmement bien documenté. Une dénonciation sans concession des réseaux de clandestins et des passeurs qui s'enrichissent grâce à eux. Tout aussi important, car plausible, la menace d'un virus mortel qui pourrait anéantir l'humanité entière. On attend avec impatience le prochain roman qui réunira à nouveau le Dr Margaret Campbell et le commissaire Li Yan.
Dany Neuman
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Amin's blues
Max Obione
Editions Krakoen
159 p / 8€ |
Amin's blues
Amin avait décidé d'être patient, appliqué. Normalement, il devait se coucher lors de la 3ème reprise. Mais celui qui aurait pu voir de près ses yeux injectés de sang, y aurait découvert une lueur inhabituelle. Il avait une arcade éclatée et venait de prendre un méchant coup au foie. Son adversaire, un mexicain, le provoquait en l'insultant, le traitant de « grosse truie nègre » ou de « sale peau noire qui pue ». D'où a-t-il puisé cette soudaine volonté ? On ne sait ! Mais toute la force qui lui restait, s'est retrouvée concentrée dans un uppercut fulgurant. Un poing de plomb cueillant le chicanos et le décollant de terre. Il vrilla en torche, démantibulé, circuit de conscience coupé. Complètement désarticulé, le boxeur s'effondra en un mouvement au ralenti et s'étala face contre le tapis, mort.
Fuir pour ne pas être lynché, Amin ne pouvait rien faire d'autre. Tous les bouseux des alentours s'étaient radinés avec leurs pétasses à bord de leurs pick-up et avaient pariés leurs maigres dollars sur son adversaire, puisque le match était truqué. Tous les parieurs exprimaient leur colère, leur rage, certains même, armés, visaient carrément Amin Lodge, ce vieux boxeur qui avait refusé d'obéir et de se coucher. S'en suit une fuite mouvementée, parsemée de meurtres et de mensonges.
Ce livre est tiré d'une histoire vraie. L'auteur y mêle le blues et la violence, pas facile parce que la violence est à l'opposé du blues. Max Obione fait même référence à Carey Bell et Junior Wells, c'est digne d'un connaisseur. Un très bon polar qui se lit d'une seule traite.
Patrice Farnier
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R
O M A N S
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