R O M A N S
20/09/2007

Une famille assassinée
Alain Gandy

Terres de France
232 p / 18,50€

Une famille assassinée
Joseph Combes, ancien adjudant-chef, tient une agence de détective dans l'Aveyron. En bon professionnel, il réquisitionne toute sa famille et ses connaissances, pour recueillir le maximum d'informations sur son nouveau client, un notable, le colonel Dupont-Magloire. Ce dernier désire revenir sur les conclusions d'une ancienne enquête vieille d'une dizaine d'années. A l'époque, le colonel avait renvoyé son garde-chasse Pierre Rougnac, dont la femme était cuisinière et servait au château. Celle-ci, en rentrant un soir avec son jeune fils Martin, avait trouvé leur maison incendiée et son mari mort d'une balle dans la tête. L'enquête, à l'époque, avait conclu à un suicide. L'année suivante, sa femme mourut de chagrin laissant Martin orphelin. Malgré la désapprobation des aînés de ses enfants, le colonel avait adopté l'enfant de ses anciens serviteurs. Martin deviendra le nouveau compagnon de jeux des plus jeunes enfants du colonel. Par la suite, il dévoilera un comportement assez curieux et ne cachera pas sa soif de vengeance due à la mort de son père.
Alors que le colonel s'entretient avec Combes, une terrible nouvelle lui parvient. Son fils aîné et un de ses camarades ont été victimes d'un accident de parapente, suspect à première vue. Aussitôt, des soupçons de sabotage viennent à l'esprit.
Ce ne sera que le début d'étranges évènements tragiques qui vont viser la famille Dupont-Magloire, confirmant ainsi les craintes du colonel. Qui a décidé de semer la terreur en exterminant chacun des membres de celle-ci ?

Une nouvelle enquête délicate pendant laquelle Combes sera le témoin impuissant d'une série de meurtres. La perspicacité de celui-ci aura tout de même raison du talent de dissimulation du tueur, bien déterminé à assouvir sa vengeance jusqu'au bout.

Dany Neuman


La reine des morts
Tess Gerritsen

Presses de la cité
364 p / 20€

La reine des morts
Maura Isles est médecin légiste à Boston, on la surnomme « La Reine des morts ». L'inspecteur Jane Rizzoli fait appel à ses connaissances pour résoudre un crime horrible puisqu'il s'agit du meurtre d'une jeune religieuse de l'abbaye de Graystones. Elle se prénommait Camille et était issue d'une famille aisée. Malgré l'incompréhension de ses proches, elle avait renoncé à tout pour se consacrer à Dieu. Une autre religieuse âgée, sœur Ursula avait été victime du même agresseur mais n'était pas morte. L'autopsie pratiquée sur Camille va révéler une chose impensable et semer le trouble parmi la communauté des religieuses. L'enquête va se porter plus précisément sur le passé de sœur Ursula, car ce qu'elle avait vécu pourrait avoir des liens avec des assassinats inexplicables. Partie en mission en Inde pour s'occuper des lépreux, elle était revenue traumatisée à la suite du massacre de tous les habitants et des animaux du village où elle était. Elle avait trouvé refuge dans l'abbaye de Graystones où elle se sentait en sécurité car elle détenait un lourd et terrible secret.
L'inspecteur Jane Rizzoli, si forte et si sûre d'elle en apparence, va-t-elle pouvoir mener son enquête avec autant de perspicacité que les fois précédentes alors qu'elle vient d'apprendre qu'elle est enceinte ? Quant à Maura Isles, plus habituée à la compagnie des morts, va-t-elle faire taire ses sentiments et résister au harcèlement de son ex-mari qui veut la revoir ?
Confrontées toutes deux à un choix décisif pour leur avenir, vont-elles faire le bon ?

Un thriller passionnant car l'intrigue est complexe. Les connaissances en médecine de l'auteur ajoutent une part d'authenticité au récit qui ne nous épargne rien sur le travail des légistes. Ceux-ci, en effet, contribuent grandement à la résolution des enquêtes les plus difficiles. Les états d'âmes du duo féminin formé par Maura Isles et Jane Rizzoli, apportent une touche sentimentale qui allège ce roman très dur et sans concession.

Dany Neuman


Point de fuite
Hilary Norman

Presses de la cité
394 p / 19,80€

Point de fuite
Le corps d'une femme est découvert sur un terrain laissé à l'abandon dans un arrondissement de Londres. Il s'agit de Lynne Bolsover, mère de deux enfants et, aux dires de sa sœur Pam Wakefield, celle-ci aurait été victime des violences de John, son mari.
Lizzie Piper Wade, elle, a la chance d'être marié à Christopher et de faire un métier qu'elle aime et qui l'a rendue célèbre. Elle est connue pour ses émissions culinaires à la télévision et est également auteur de livres de cuisine. Si ce n'était la terrible maladie de son second fils Jack, atteint de myopathie, elle donne la parfaite image d'une femme à qui tout réussit. Ça, c'est ce que les gens perçoivent de l'extérieur, mais la réalité est toute autre.
Joanne et Tony Patson ne pourront jamais avoir d'enfant du fait de la stérilité de ce dernier. Après bien des tentatives d'adoption, ils s'écarteront des voies légales pour avoir le bonheur d'accueillir une petite Irina, orpheline roumaine. Après quelques mois, les pleurs du bébé vont irriter au plus haut point Tony et le rendre violent. Le jour où Joanne son épouse disparaît et sera retrouvée morte assassinée, il sera le premier suspecté.
Helen Shipley, inspecteur dans l'équipe du Nord-ouest de Londres, se méfie des conclusions hâtives. Elle va faire le parallèle entre les deux femmes qui ont été tuées. Toutes deux ont été contactées par un certain Robin Albeury, par l'intermédiaire de Mike Novak, un détective privé. Robin Albeury est un avocat spécialisé dans les affaires de divorce. Le fait qu'il offre ses services bénévolement à certaines femmes, victimes de violences conjugales, sans rien leur demander en compensation, paraît étrange à Helen Shipley. Quelles sont les véritables motivations de cet homme ? Pourquoi les femmes à qui il désire venir en aide sont-elles tuées ?

Des cas très différents de femmes, victimes de la violence de leur époux, soigneusement étudiés par l'auteur. Celle-ci nous fait pénétrer dans l'intimité des couples. L'intrigue est subtile et la vérité ne nous est révélée qu'après bien des fausses pistes. Un premier roman paru en France qui mérite de faire connaître Hilary Norman pour son talent.

Dany Neuman


Chroniques de Saint-Placide-de-Ramsay
François Barcelo

Fayard noir
410 p / 20€

Pompes funèbres
Wilfrid Maranda, un ancien routier à la retraite, pour occuper son temps libre, donne des coups de mains à Bertrand Bellemare, son pote le croque-mort de Saint-Placide-de-Ramsay.
Ils décident de monter un canular aux administrés de ce village canadien. Wilfrid, préparé par son thanatopracteur de copain (le maquillage seulement) sera exposé, après avoir simulé une crise cardiaque, dans un cercueil placé dans la succursale bancaire de la petite ville. Ils espèrent, à l'aide d'un petit magnétophone dissimulé dans le cercueil, enregistrer ce que disent les gens lorsqu'ils viennent rendre un dernier hommage à un disparu. Mais ça ne va pas se passer exactement comme Wilfrid l'avait prévu, il va aller de surprise en surprise. Il n'imagine pas un seul instant ce qui va lui arriver. Et il va lui en arriver des choses à cet ancien routier ! Il va même découvrir l'enfer.

Fonds baptismaux
Le nouveau prêtre de Saint-Placide-de-Ramsay décide de demander le changement des fonds baptismaux de sa petite église. Devant l'étendu de l'investissement, la municipalité refuse. Mais l'abbé n'a pas dit son dernier mot. C'est un curé moderne, il ne reculera devant rien. S'il le faut, il ira même jusqu'à bafouer ses vœux de chasteté. Il n'est pas homme à détourner le regard du paysage offert par un beau décolleté. Il ira même beaucoup plus loin, le cas échéant. Il faut dire qu'il est largement parano et le vin de messe ne l'aide pas dans ses délires.

François Barcelo nous livre ici deux chroniques qui sont en fait deux mini-romans écrit avec l'accent canadien, l'homme est de Montréal. Il a de plus, c'est sûr, un sens aigu de l'observation. L'imagination et la dérision font aussi partie de ses dons. Tout le monde en prend pour son grade, la religion, la politique et la police.
« Tabarnak » un bon bouquin.

Patrice Farnier


Samba triste
Jean-Paul Delfino

Editions Métailié
290 p / 18,50€

Samba triste
« Samba triste » est le dernier opus d'une trilogie que le lecteur avait découverte avec « Corcovado » et « Dans l'ombre du condor ».
La belle Lucina Zumbi, après quelques années, exilée à Marseille, retourne chez elle au Brésil à Rio de Janeiro, en compagnie de son fils, le petit Jorge.
La dictature militaire qui étouffe le Brésil des seventies est alors à son apogée. Disparitions en tous genres, assassinats jamais élucidés (surtout des opposants au régime). Les brigades de la mort sont chargées d'éliminer gauchistes, syndicalistes et les gamins des favelas, les pivetes.
Lucia retrouve son père et son parrain, Bartolomeu Zumbi et Joâo Domar. Ils sont les concepteurs du Christ rédempteur qui est perché sur le Corcovado. Ils sont surtout de farouches opposants à la junte militaire.
Directement, Lucia va replonger dans cette opposition qui l'avait fait s'exiler quelques années plus tôt. Son emploi de journaliste musicale dans le grand quotidien carioca, le Globo, lui donne l'idée d'écrire sur les pivetes, ces enfants qui se droguent, se prostituent, volent et souvent sont assassinés par la police militaire.
Pour cela, elle va être obligée de plonger au milieu de ces favelas où habitent plusieurs centaines de milliers d'individus, rien que pour la ville de Rio de Janeiro. Ces gens sont maintenus dans leur misère par le gouvernement qui lui, bien sûr, s'en met plein les poches en bradant le Brésil et ses richesses, aux grandes puissances comme les Etats-Unis, le Japon, l'Allemagne et la France.
Elle devra éviter bien des embûches, et provoquera les autorités qu'elles soient politiques ou religieuses. C'était l'époque où le Vatican soutenait les dictatures d'Amérique du Sud, même si certains religieux ruaient dans les brancards, tel Dom Helder Camarra.

En plus des romans, ce sont de véritables livres d'histoire que nous donne à lire ici Jean-Paul Delfino, et tout ça bercé par les sambas de Chico Buarque et Gilberto Gil. Il nous plonge aussi dans ces somptueux paysages que sont les plages de Copacabana, le Pain de sucre et les mornes verdoyants qui délimitent la patrie des cariocas.

Patrice Farnier

R O M A N S - page suivante