02/07/2010
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La maison où je suis mort autrefois
Keigo Higashino
Actes Sud
254 p / 18€ |
La maison où je suis mort autrefois
Sayaka Kurahashi est mariée à un homme d'affaires et mère d'une petite fille. À l'occasion d'une réunion d'anciens élèves de terminale, elle aperçoit son ancien petit ami, mais n'ose pas l'aborder. De son côté, ce dernier fait semblant de ne pas la remarquer. Une semaine plus tard, elle lui téléphone et lui demande de lui rendre service. La jeune femme lui confie n'avoir aucun souvenir d'enfance avant l'âge de 5 ans. Cette amnésie la trouble et un sentiment de malaise la poursuit. À la mort de son père, elle a reçu une enveloppe contenant une clé à tête de lion ainsi qu'un plan de la région de Nagano. Elle demande au jeune homme de l'accompagner à l'endroit indiqué et cela les conduit à une maison isolée de tout. Arrivés sur place, ils réussissent à pénétrer à l'intérieur de celle-ci qui est abandonnée mais tout de même meublée. La poussière a tout recouvert et l'impression que ses habitants l'ont quittée précipitamment, les laisse perplexes. Fait étrange, toutes les horloges sont arrêtées et indiquent la même heure, onze heures dix. Tous deux explorent chaque pièce et dans une chambre d'enfant, ils découvrent le journal d'un petit garçon. Même si c'est un véritable puzzle qu'ils vont essayer de reconstituer, cela va tout de même les aider à échafauder des hypothèses. Quel drame s'est déroulé en ces lieux ? Quel lien y avait-il entre cette maison et le père de Sayaka, pourquoi le nom de la jeune femme est-il mentionné dans ce journal ?
En visitant cette demeure, des images furtives reviennent à sa mémoire. Etait-ce le seul moyen pour apaiser son angoisse et lui permettre de comprendre son mal-être ?
Magnifique roman qui envoûte le lecteur dès le début. Etrange et attachant, ce récit nous montre combien la mémoire est indispensable dans l'évolution d'un être. Ce premier roman de Keigo Higashino traduit en français, vous permettra de découvrir cet auteur très connu au Japon et dont l'écriture sensible vous séduira.
Dany Neuman
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Orphelins de sang
Patrick Bard
Editions du Seuil
336 p / 19,50€ |
Orphelins de sang
Nous sommes en 2021 à Phoenix en Arizona, c'est le Thanksgiving Day. Dans sa chambre, une adolescente stylée gothique, se scarifie avec un tesson de verre. Elle se purifie selon ses dires. La nuit, elle gratte les croûtes laissées par ses entailles volontaires. Chaque cicatrice correspond à une altercation, un chagrin, une rupture. Elle considère que c'est comme crever un abcès. Alors qu'elle s'inflige ces entailles sur les jambes, elle fait tomber son « phone » et, en voulant le récupérer, elle découvre sous son bureau, une boîte métallique ressemblant à une valisette de munitions de l'armée. Ce petit coffre contient des papiers jaunis, genre journaux ou coupures de presse, rédigés en espagnol.
Puis nous sommes à Ciudad de Guatemala en juin 2007. Il faut savoir que dans cette ville, une des plus violente du monde, on s'entretue de 17 à 22 heures tous les soirs (une quinzaine de morts chaque soir) et jusqu'à minuit ou 1 heure du matin les samedis, fermeture des boîtes oblige. Le plus souvent, ce sont des femmes qui sont tuées, en général après avoir été violées ou pour se faire voler leur enfant. Les guatémaltèques ont trouvé un mot pour définir ces crimes « le féminicide ». Que deviennent ces gamins enlevés à leur mère ? Rejoignent-ils les réseaux de pédophiles, sont-ils victimes de trafic d'organes ou des snuff movies.
Patrick Bard nous décrit toute cette horreur dans le détail. Comme il le précise lui-même, son bouquin, bien que romancé, est directement tiré de la réalité, malheureusement. Comme dans un de ses précédents livres « La Frontière » parue au Seuil en 2002, c'est un cours de géopolitique et d'Histoire que nous donne ici l'auteur. Il dénonce, et il a raison, les travers de la Police et des Politiques de ces pays d'Amérique centrale soutenus, bien sûr, par les Etats-Unis.
Surtout lisez ce livre, car comme moi, vous n'êtes sûrement pas au courant des conditions de vie des habitants de ces pays qu'il faut bien appeler des « dictatures ».
L'auteur ose dénoncer, bravo !
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Silence radio
Robert Rotenberg
Presse de la cité
398 p / 21€ |
Silence radio
Comme chaque jour Gurdial Singh, malgré ses 74 ans, livre ses journaux. Ce petit job lui plaît et c'est avec ponctualité que tous les matins il échange quelques mots avec Mr Kevin Brace, célèbre animateur radio. Ce matin-là, ce dernier n'est pas là pour l'accueillir et lorsqu'enfin il apparaît, ses mains sont pleines de sang. Dans un murmure, il dit avoir tué sa jeune compagne, Katherine Torn. Le corps de celle-ci gît dans la baignoire de la salle de bains.
Après cet aveu, Kevin Brace va s'enfermer dans un mutisme inexplicable. Son avocate, Nancy Parish elle-même, ne peut lui arracher aucune parole. C'est donc par écrit qu'elle communiquera avec son client et tentera de le défendre malgré lui.
Le jeune procureur, le très élégant Albert Fernandez, se voit confier sa première affaire criminelle. C'est le moment de saisir cette chance et de montrer ses capacités. Lui aussi est intrigué par le silence du suspect qui ne fait rien pour se disculper. Quant aux policiers, Daniel Kennicott et Ari Greene, ils ont débuté leur enquête, et n'ont aucune difficulté à recueillir les témoignages de l'entourage de Kevin Brace. Pourtant, tous leurs auteurs ne disent pas toute la vérité et les enquêteurs s'apercevront rapidement que certains détails ne collent pas. Comment dans ces conditions, vont-ils découvrir ce qui s'est vraiment passé et pourquoi l'animateur s'accuse-t-il du meurtre ? Qui veut-il protéger ?
Un roman qui se démarque par le fait que le lecteur assiste à la préparation d'un procès, du côté du procureur mais aussi du côté de la défense. Les personnages sont intéressants, certains attachants, d'autres plus qu'intrigants, aucun ne laissent indifférent. L'intrigue capte le lecteur dès les premières pages. Robert Rotenberg met son expérience d'avocat au profit de ce premier roman qui mérite toute votre attention. Je vous conseille de découvrir cet auteur qui laisse une porte ouverte à une suite probable, du moins je l'espère.
Dany Neuman
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La nuit du tricheur
Hugo Buan
Pascal Galodé éditeurs
372 p/ 17,90€ |
La nuit du tricheur
Fletcher Nowsky s'apprête à mettre sur pied le casse du siècle, au vingt et unième siècle !! Oublié Spaggiari, enterrée l'attaque du train postal Glasgow-Londres, ça se chiffre en centaines de millions d'euros. Pour cette occasion, il réunit une équipe qui s'apparente plus aux pieds nickelés qu'à la bande des postiches qui a fait courir toute la police française dans les années quatre-vingt. Il y a Venceslas dit Vence, Benoît dit Ben, jusque là tout va bien. Mais on y ajoute Baudouin-Baudouin Baudouin. Là, je sens que vous tiquez mais je vous rassure et j'explique. Baudouin-Baudouin, c'est son prénom comme Jean-Jacques ou Jean-Paul et son nom Baudouin. Moi perso, j'avais bouffé des champignons hallucinogènes en lisant « Cézembre noire » ou « Hortensias blues » du même auteur, mais j'avoue que les parents de ce pauvre Bau-Bau avaient sérieusement manqué d'imagination en prénommant ainsi leur lardon. De plus, à sa décharge, il mesure un mètre soixante-huit et pèse 120 kilos. Il s'habille toujours avec des costards à carreaux, genre Bozo le clown et deale des vaccins anti-grippe. (Peut-être devrait-on le présenter à notre ministre de la santé ?)
Tout ce beau monde va se frotter au commissaire Lucien Workan et au lieutenant Leila Mahir (une beurette genre Jessica Rabbit, mais en brune).
Avec Hugo Buan, une Mercedes-Benz devient « une poussette teutonne ».Il nous donne à écouter « Gloria » des Them et du très bon Van Morrison. Il nous fait rencontrer des illuminés, des allumés, des Khmers rouges insultés au cassoulet. Il nous présente Ducon-Lajoie, la Vénus de Milo faisant l'amour à un cul de jatte et même à Jack the Ripper.
Bon, ben moi, j'ai rien fumé mais je me sens comme une petite fatigue, là. Je vous devine inquiets quant à ma santé mentale. Z'avez p't'être raison. Allez, je compte mon dernier éléphant rose et au lit !
Patrice Farnier
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R
O M A N S
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