Cette
femme-là... de Guillaume Nicloux
Capitaine de police, Michèle reste marquée par la perte
de son enfant. Une enquête sur un présumé suicide,
l’approche de la date anniversaire de son drame personnel et les cauchemars
inhérents la plongent dans l’angoisse... Noir. Envoûtant.
Déprimant mais bien vu, côté polar et côté
femme flic mère souffrante. Un titre discret. Aucun artifice.
Un temps pourri. Une lumière exceptionnelle. Une musique au top,
qui colle à chaque situation. Ca fait déjà beaucoup
! Josiane Balasko est impeccable en fissurée maximum. Il ne faut
surtout pas trop comparer sa prestation avec celle du Coluche de Tchao
Pantin car, si ces deux performances nous émeuvent, ces deux
films sont intrinsèquement de grandes réussites. Tout
petit bémol : comment font-ils tous, en pleine forêt et
sous la flotte et etc., pour ne pas avoir des blèmes de téléphone
portable ?! Je révèle : puzzle et lapin sont des idées
géniales, ainsi que l’année bissextile du deuil... Confortablement
calés dans nos fauteuils, nous attendons le 29 février
et son train de désespoir.
Cursus
fatal de Dan Rosen
Un titre breveté « Hollywood Night », mais une musique
et une interprétation excellentes. Ca rebondit. Ca équationne.
Dans notre fauteuil, on est OK pour ce cours de machiavélisme.
Sur le trottoir, on est KO car la conclusion est dure à digérer.
Magouille dans le noir embrouille au jour, c’est connu ! Pour manipulateur
ambigu.
Le Poulpe
de Guillaume Nicloux
Le générique annonce une couleur baroque. L’obsession
du héros pour les godasses en est le fil rouge. Ouverture sur
le restau Q.G. de Gabriel Lecouvreur (le Poulpe), et on déguste
illico une galerie de tronches made in Mocky. Les personnages des livres
sont là, sous la houlette de Gérard, le patron au regard
Simonin et à la mâchoire Gabin en colère. On pense
que le Poulpe (excellent Darroussin) est dominé par sa Cheryl
shampouineuse au profil d’une Dorothée de télé,
généreuse de la fesse mais jamais vulgaire (touchante
Clotilde Courau). Les minis conflits du couple permettent de savoureuses
réconciliations. En réalité, notre céphalopode
titre a le besoin d’enquêter sur ces faits divers dont il est
un témoin attentif, pour changer d’air et, à l’occasion,
ramasser du fric... Il se retrouve dans un port (superbes vues nocturnes
de... Saint-Nazaire ?), flanqué de Cheryl et de l’ami Pedro,
pourvoyeur en armes. Les fringues fluo de la coquine sur fond de grisaille,
délirant ! Et la pipe sur son tee-shirt fait songer à
l’écume de l’océan !! Bien que hachée, l’histoire
existe. On parvient à la solution par des chemins vicinaux. Entre-temps,
on s’est offert une balade iodée, un lancer de nain, une info
Muscadet, un écrase cochon d’Inde et une riposte SPA à
minou nu, des roucoulades sous un drap, de la torture à fond
de cale et des explosions en surface... sur une musique mêlant
Gardel, Fréhel, électronique et cordes, et avec des dialogues
audiardesques revisités. Le Poulpe semble se promener pendant
101 minutes, c’est un leurre, notre faux blasé est à l’affût.
Un montage rapide scande ses déambulations, et quand la bête
allonge ses longs bras, avec un flingue au bout... Seul regret de taille
: l’impasse sur son Polikarpov, sa passion à hélice qui
est pour lui ce qu’est son château à Malko SAS Linge. Attention
! Je n’amalgame pas... Humour, sang, paires de pompes, bravo ! Des critiques
prédisent au film une destinée comparable à celle
du Diva de Beineix, alors, pourquoi ne pas l’encenser maintenant ? Ça
évite l’exhumation et on gagne du temps, et comme le temps...
Bon Poulpe, bon app’ !
(Critique
parue dans « C’est un bon jour pour Gabriel », éditions
Baleine, à l’occasion de ses 40 ans)
Roland
Sadaune
Entracte…