Six-Pack
de Alain Berbérian
Un excellent polar français. Son générique, sur
fond de ressac, annonce d’emblée la couleur sombre. Ca s’ouvre
sur la fête. Soudain une lame de fond nous transporte et on échoue
en plein cauchemar.
Décharges, hangars, immeubles délabrés, gare de
triage, visions nocturnes…La musique gifle les séquences. Ce
sera très noir.
Un ange destructeur silencieux qui hait les femmes, se dit-on en voyant
le killer se délecter de leur peur. Impitoyable, il conduit ses
victimes là où il le décide, et les massacre avec
plaisir.
Nathan, policier acharné, voit mal l’ordinateur remplacer le
carnet à spirale. Pourtant il s’épate d’une identification
à partir d’images de synthèse. Richard Anconina, sans
son sourire inné, est vrai et attachant. Il se rend aux USA,
vivier de serial killers, en revient riche d’un détail fondamental
pour l’enquête. Astuce du scénario qui fait oublier le
risque de clichés. Le devenir de la chèvre Marine nous
conforte en ce sens.
Faudra vivre avec le souvenir des victimes, dit à-peu-près
l’une des dernières répliques. Oui mais avec aussi le
visage d’un Six-Pack conscient de sa fin !
Sans sa couleur, le film serait un grand film noir. Ca donne l’envie
de lire ou de relire le livre à l’origine de l’adaptation, et
signé Jean-Hugues Oppel.
Ennemi
d’État de Tony Scott
Un très bon policier à l’intrigue classique, avec un générique
de vidéos entremêlées qui montre les dangers des
caméras dans les villes. On peut titrer Caméras en liberté,
d’ailleurs le slogan du film précise que tout le monde est surveillé.
Un assassinat politique. Une voiture s ‘enfonce dans l’eau, et sur la
berge un chien regarde son maître disparaître avec. C’est
superbe dans la tragédie.
Par un tour de passe-passe du scénar, un type hérite sans
le vouloir d’une vidéo compromettante et, en trois ou quatre
plans, le bougre paume femme, job, cartes de crédit et attaché-case.
Dur !
S’ensuit une chasse à la cassette, de 2h13’. En scope et en filigrane
on voit s’officialiser tous les impondérables et moyens d’espionnite
légale. Ca fiche froid dans le dos quand on sait qu’en France
les caméras se reproduisent tels des doryphores.
La boucherie finale, superbe, est digne du Scarface de Brian De Palma.
Will Smith est un avocat black traqué, convaincant et plein d’humour,
et Jon Voight me rappelle Macadam Cow-Boy, déjà si loin…
Roland
Sadaune
Entracte…